Inspections visuelles
Pour les ouvrages en terre tels que les barrages, on distingue trois niveaux dans l'inspection visuelle :
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l'inspection visuelle de routine,
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l'inspection visuelle à l'occasion des crues,
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les visites techniques approfondies.
Les deux premiers niveaux sont du ressort du propriétaire ou de son exploitant ; elles sont faites par un agent désigné par le propriétaire ou l'exploitant. Le troisième niveau correspond aux visites techniques de l'ingénieur spécialiste chargé du suivi de l'ouvrage.
Elle a pour objectif de déceler rapidement tout phénomène nouveau affectant le barrage et de suivre qualitativement les évolutions.
Pendant la première mise en eau, la périodicité de ces inspections est liée à la vitesse de montée du plan d'eau. A titre indicatif, la fréquence de cette visite est hebdomadaire et peut être plus espacé si le niveau de la retenue n'évolue pas pendant une longue période. A contrario, une visite s'impose après chaque épisode pluvieux significatif.
En phase d'exploitation normale et en l'absence de tout désordre ou anomalie quant au comportement de l'ouvrage, la périodicité devient mensuelle. Les visites doivent être plus rapprochées dès que l'on constate une anomalie ou désordre nouveau. L'observation doit être systématique après chaque crue.
Les visites doivent se dérouler selon un circuit préétabli (défini par exemple par l'ingénieur spécialiste) et ne négliger aucun point d'observation.
L'agent chargé des visites de routine doit être en possession des équipements de sécurité (casque et lampe s'il y a une galerie, chaussures) et avoir tout le nécessaire pour le report des observations et mesures (plans, fiches, appareil photographique, etc.).
Les points principaux de l'inspection sont les suivants :
Pour tous les barrages :
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niveau d'eau dans la retenue,
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apparition ou évolution de zones humides sur le parement ou le pied aval du barrage,
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apparition ou évolution de fuites, y compris dans la zone en aval du barrage,
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obstruction des vannes ou des seuils par des corps flottants,
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obstruction du coursier de l'évacuateur de crue par de la végétation, des éboulements...,
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état des appareils d'auscultation, s'ils existent.
Pour les barrages en remblai (terre ou enrochement) :
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fuites localisées, éventuellement avec entraînement de grains de sol,
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apparition de bourrelets et/ou fissures en crête ou sur le parement aval (amorces de glissement),
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tassements, en particulier en crête ou au contact d'ouvrages en béton,
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creusement de ravines sur les parements amont et aval,
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points bas sur la crête du remblai,
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désordres sur la protection antibatillage (pierres déplacées, désagrégées...),
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végétation arbustive sur les talus et près du pied aval,
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corrosion et rupture des fils des cages d'ouvrages en gabions,
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dégâts dus aux animaux fouisseurs.
Lorsque la visite de routine s'effectue à retenue basse, voire vide, l'inspection visuelle comporte toutes les parties habituellement noyées : parement amont, tête amont des ouvrages de prise et de vidange, berges de la retenue, l'état d'envasement ou d'engravement de la retenue.
Ces visites sont mentionnées dans le registre du barrage avec indication de toute observation particulière et prise de photographies si besoin.
Si le barrage est doté d'un dispositif d'auscultation, l'exploitant procède, à l'occasion de ces visites, aux mesures simples telles que débits, piézométrie, et vérifie le bon fonctionnement des appareils.
C'est lors des crues que les barrages sont soumis aux sollicitations les plus sévères : cote du plan d'eau élevée, débits importants sur le déversoir, ruissellement sur les parements. Une inspection visuelle détaillée s'impose donc dans ces occasions.
L'inspection pendant la crue est riche d'informations mais elle n'est pas toujours possible car la crue peut survenir de nuit. Cependant, chaque fois qu'on le peut, l'inspection visuelle en crue comporte les points suivants :
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niveau maximum atteint par l'eau,
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durée de la crue,
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corps flottants et vagues,
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fonctionnement du déversoir : position du vannage éventuel, aspect de la lame d'eau, écoulement en pied de coursier, contournement éventuel des bajoyers...
L'inspection visuelle après la crue doit être systématique. Elle porte sur les points suivants :
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relevés d'indices permettant de connaître le niveau maximum atteint par l'eau : dépôts de branchages et brindilles, traces sur le limnimètre ou les murs en béton (attention à ne pas confondre avec les indices liés à une précédente crue),
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vérification qu'il n'y a pas eu de surverse sur le couronnement de l'ouvrage (indices à rechercher : présence de végétation couchée, d'affouillements, de poissons morts,...) ; observations sur le talus aval d'un barrage en terre ou en pied aval des parties latérales d'un barrage en maçonnerie ou en béton,
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état du déversoir et de la fosse de dissipation d'énergie : érosion régressive, contournement de bajoyers, fondations sous-cavées, mouvements des structures,
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observation de l'état du parement amont et de sa protection dans la zone de batillage,
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creusement de ravines par ruissellement sur les talus (en particulier le talus aval),
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apparition de nouvelles zones de fuites, augmentation sensible ou extension des fuites préexistantes (en mesurer les débits si possible),
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mesure des appareils d'auscultation afin de détecter toute anomalie éventuelle.
Ces observations relevées lors de l'inspection sont consignées dans le registre du barrage et font, le cas échéant, l'objet d'un dossier photographique. Elles conduisent, suivant les cas, à des travaux d'entretien d'urgence ou à des travaux plus importants de réfection. En cas de très forte crue ou de crue ayant entraîné des désordres importants, un rapport est envoyé au Service de contrôle.
Ces observations en crue ou post-crue sont particulièrement cruciales pour les ouvrages écrêteurs de crues qui ne sont soumis à la charge hydraulique qu'à ces occasions.
On recommande une inspection visuelle détaille des ouvrages hydrauliques en terre aussitôt après un séisme. Elle comporte l'inspection de toutes parties observées lors des visites de routine en notant les différences éventuelles. On surveillera plus particulièrement l'apparition de fissures sur les barrages ou les organes en béton et de mouvements sur les barrages en remblai (glissements, tassements...). On s'assurera que les parties mobiles (vannes, clapets) fonctionnement correctement sur toute leur plage de manœuvre. Si besoin, on fera appel à l'ingénieur spécialiste pour une visite technique approfondie.